Tous les articles par Jean-François GIRMENS

Médecine peRSSonalisée sur Webicina

Je vous en parlais il y a plusieurs mois :

Pour les plus « réfractaires » […], une page appelée « PeRSSonalized medecine » épargne l’utilisation d’un lecteur de flux RSS, en compilant pour vous sur une seule page à onglets les derniers articles, dernières nouvelles, billets de blogs et publications sur les sites communautaires, classés par source et spécialité…
[…] Toutes les sources sont anglophones… mais il n’est pas impossible que d’autres langues apparaissent prochainement…

Webicina vient de lancer sa version française de « Médecine peRSSonalisée » : il ne s’agit pas d’une simple traduction de la plateforme, mais bien d’une compilation de ressources francophones… à laquelle (je peux maintenant l’avouer) j’ai un peu participé : nos échanges sur le sujet datant déjà un peu, il manque probablement un certain nombre de ressources, découvertes (voire apparues) ou ayant « déménagé » depuis (liens non exhaustifs bien sûr)… mais cela sera certainement très vite corrigé !

Quoi qu’il en soit, un excellent moyen pour réaliser l’intérêt des flux RSS pour l’information médicale, et faire ses premiers pas dans la medecine2.0 !

Lien : http://www.webicina.com/perssonalized/?lang=2

Recherche clinique et Web2.0

Investigateur dans de nombreux essais cliniques (et ce n’est pas ce qui manque en ophtalmologie actuellement : voir mon billet précédent par exemple), je ne peux que saluer l’initiative du CenGEPS (Centre National de Gestion des Essais de Produits de Santé) et de la FHF (Fondation Hospitalière de France) qui lance une vaste campagne d’information sur la recherche clinique. Si des patients mieux informés se prêteront plus volontiers à ces essais (une enquête récente faisait état de plus de 50% des sondés qui refuseraient de participer), espérons qu’elle fera oublier le terme de « cobayes » encore trop souvent employé (et notamment par un grand nombre de médias ayant relayés l’information comme TF1 ou Le Figaro !).

A côté d’outils « traditionnels » (affiches, dossier et communiqué de presse), cette campagne utilise toutes les ressources d’internet et du web2.0 : outre le site notre-recherche-clinique.fr, elle utilise aussi Twitter, Facebook et NetVibes, les images sont publiées sur Flickr et les vidéos partagées sur DailyMotion.
Par ailleurs, les patients sont incités à être actifs, grâce à un moteur de recherche des essais en cours de recrutement en France (plus « abordable » que celui de l’AFSSAPS) et à la possibilité d’abonnement à des alertes par email...

Prochaine étape : un dispositif comparable pour l’information de nos confrères (qui jouent parfois un rôle non négligeable certainement dans le refus de certains patients) ?
Est-il possible en France d’aller encore plus loin, à l’image de PatientsLikeMe (où un patient peut renseigner son profil avec des détails sur son état de santé, à partir duquel peut lui être directement proposé de participer à un essai) ?

Pour en savoir plus (et découvrir par la même occasion ces blogs intéressants si ce n’est déjà fait !): La Santé dans la Cité, SuperGelule, Le Blogule Rouge, BioGeekBlog, Le blog de la santé.

Avastin vs. Lucentis : influence du prix ?

Jean-Marie Vailloud (Grange Blanche) reparlait avant-hier d’un article du JAMA publié en 2008 (accessible ici), montrant que l’efficacité d’un placebo d’antalgique était proportionnelle à son prix annoncé.
Cela est-il applicable aux anti-VEGF (ranibizumab-Lucentis, ou bevacizumab-Avastin hors AMM) utilisés en traitement de la DMLA exsudative ?

Évidemment, l’influence du prix d’un médicament semble peu probable sur des critères d’évaluation objectifs (angiographie, OCT), mais qu’en est-il sur les critères subjectifs tels que l’acuité visuelle (le plus souvent critère principal d’ailleurs) ou « Qualité de Vie » ?
Si les études randomisées en cours (CATT aux USA avec les premiers résultats attendus dans moins d’un an, GEFAL en France, IVAN en Angleterre, VIBERA en Allemagne, MANTA en Autriche, LUCAS en Norvège…) confirment notre impression clinique d’équivalence entre les deux traitements, elles ne prendront pas en compte ce paramètre, puisque le patient, en « insu », ne connait pas la nature du traitement qu’il reçoit (pour un prix par injection variant de quelques dizaines d’euros à plus de 1000€) !

Quoi qu’il en soit, dans une étude rétrospective publiée récemment (mais il n’est pas précisé dans l’article si le patient était sensibilisé ou non au prix des deux alternatives, étant remboursé de la même manière quel que soit le choix), les deux traitements semblent bien avoir une efficacité comparable en terme d’acuité visuelle et de tolérance… avec un nombre moyen d’injections nécessaires moins important sous Avastin que Lucentis (4,4/an vs 6,3 respectivement).

Référence : Fong DS, Custis P, Howes J, Hsu JW. Intravitreal bevacizumab and ranibizumab for age-related macular degeneration a multicenter, retrospective study. Ophthalmology 2010 Feb;117(2):298-302. Epub 2009 Dec 6.

Futurs (?) traitements de la DMLA atrophique

Faisant figure de « parents pauvres » à côté de la DMLA exsudative qui bénéficie depuis quelques années des traitements anti-VEGF, les formes plus précoces (« maculopathie liée à l’âge ») et la forme atrophique de DMLA font actuellemment l’objet de nombreux essais thérapeutiques. J’avais déjà abordé certaines approches, en voilà une liste actualisée, présentée lors du dernier « Jeudi de la Rétine » (10 avril 2010) :

Vous pouvez retrouver l’intégralité des présentations de cette soirée consacrée à la DMLA atrophique sur le site de la Fédération Rétine de Paris.

Grippe H1/N1 : un article à lire

De retour de cours, j’ai pris le temps de lire ce long et complet article de Dominique Dupagne (signalé par un twitt un peu plus tôt dans la matinée), et je ne peux que vous conseiller d’en faire autant pour décider si oui ou non vous allez vous faire vacciner (l’article ne vous donnera pas la réponse, mais juste les informations nécessaires pour ce choix personnel).
Quelques citations (mais à lire en entier !) :

Après un moment de panique, il est apparu au début de l’été que ce virus était certes très contagieux, mais finalement peu agressif. Pas plus que le virus H1N1 habituel. Ce qui était inhabituel en revanche, c’était le nombre de personnes, jeunes notamment, touchées par la grippe. Il était alors trop tard pour intégrer ce nouveau virus dans le vaccin saisonnier dont la production était déjà lancée.
Certains gouvernements, français notamment, ont alors décidé dès le début de l’été d’appliquer à ce nouveau virus H1N1 la procédure d’urgence créée pour le « méchantissime » H5N1 aviaire. Malgré les nouvelles rassurantes de l’hémisphère sud, il était semble-t-il trop tard en août pour reculer et la campagne de vaccination massive par le vaccin dit « pandémique », c’est à dire contenant le nouveau virus H1N1, et « dopé » au squalène a été mise en place avec les remous que l’on sait.

Une chose très importante que vous devez comprendre est que la question n’est pas de se vacciner ou non cette année contre la nouvelle grippe A/H1N1, mais de savoir si l’on veut se vacciner contre la grippe en général. En effet, la nouvelle grippe H1N1 ne diffère pas significativement de sa « mère » l’ancienne grippe A/H1N1 qui circule en Europe depuis 1918, et qui est intégrée dans le vaccin saisonnier. La seule différence est que les adultes jeunes sont dans leur grande majorité dépourvus d’anticorps contre cette nouvelle grippe A, car elle n’a pas beaucoup circulé récemment.

Le choix est donc le suivant, il n’y en pas d’autre :
– Je me vaccine cette année puis tous les ans contre la grippe car je ne veux pas prendre de risque vis-à-vis de cette maladie.
– Je suis prêt à prendre le risque d’attraper la grippe (tous les 15 ans en moyenne) avec les risques qui vont avec et je ne me vaccine jamais contre cette maladie.

Le risque de décès par la grippe est par exemple inférieur à celui consistant à circuler à vélo en ville, très inférieur à celui de rouler à moto. Il est d’un ordre de grandeur comparable à celui engendré par un long voyage en voiture.

Contracter la grippe assure une immunité bien plus forte que le vaccin. Il ne peut être affirmé ni exclu que cette meilleure immunité naturelle constituera un avantage en cas d’épidémie future par un virus agressif dérivé du virus A/H1N1 2009.

Il y a un effet altruiste dans la vaccination : elle diminue la probabilité de transmettre le virus et participe à la réduction de l’intensité de l’épidémie.

Pour une personne bien portante, il faut donc mettre en balance le risque d’une grippe tous les 15 ans (et ses éventuelles complications) avec les risques associés à un vaccin annuel, sachant que l’efficacité du vaccin est habituellement de 50% (il diminue par deux la probabilité de contracter la grippe, mais ne protège pas à 100% comme d’autres vaccins.)

Il est clair qu’en terme de mortalité par exemple, le risque lié au vaccin est très nettement inférieur à celui lié à la grippe. Néanmoins, sur 10 ans cela se joue à quelques points par million. Lorsque l’on atteint des niveaux de risque aussi bas à titre individuel, il est légitime de s’interroger sur l’intérêt de la recherche du « risque zéro ». Nous nous exposons quotidiennement à des risques beaucoup plus importants.

La vaccination saisonnière annuelle chez le bien-portant est donc un choix personnel. Il n’y a pas de règle car il n’y a pas de conduite évidente. Chacun en fonction de son acceptation ou non d’un risque infime fera son choix pour lui ou ses enfants. Clamer haut et fort qu’il faut ou au contraire ne faut pas se faire vacciner cette année n’a aucun sens. Le seul argument pour l’incitation serait d’étaler dans la durée les cas de grippe grave afin d’éviter la surcharge des services de réanimation. Une telle justification aurait peut-être été mieux entendue par le public.