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AFSSAPS et injection intra-vitréenne de Kenacort

Après la FDA aux USA en février dernier, c’était au tour de l’AFSSAPS dans le courant de l’été de nous diffuser un courrier d’alerte concernant les risques de l’utilisation du Kenacort en intra-vitréen, et rappelant que cette utilisation, n’ayant fait l’objet d’aucune étude, est « hors AMM » :

Le laboratoire Bristol-Myers Squibb (BMS), en accord avec l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Produits de Santé (Afssaps) souhaite vous communiquer d’importantes données de pharmacovigilance concernant les spécialités KENACORT RETARD 40 mg/1ml et 80mg/2ml (suspensions injectables d’acétonide de triamcinolone):
Des cas graves d’endophtalmie, d’inflammation oculaire, d’augmentation de la pression intraoculaire et de troubles visuels incluant des cas de cécité, ont été rapportés à la suite d’administrations intravitréennes de KENACORT RETARD au cours d’utilisations hors-AMM. La plupart de ces cas ont nécessité une prise en charge thérapeutique ou chirurgicale.
A ce jour, aucune étude menée par BMS n’a évalué la tolérance de l’administration de KENACORT RETARD par injection sous-conjonctivale, sous-ténonienne, rétrobulbaire ou intraoculaire (voie intravitréenne).

Ces constatations sont elles suffisantes pour avoir peur de continuer à utiliser le Kenacort ? Probablement non.

  • Si BMS n’a effectivement fait aucune étude concernant le Kenacort utilisé en intra-vitréen, les publications sur le sujet ne manquent pas, surtout depuis 2003 :
    Publications IVT
  • Les effets secondaires rapportés n’ont finalement pas grand chose d’inquiétant :
    • une endophtalmie peut survenir à la suite de toute injection intravitréenne : leur existence n’a pas empêché la mise sur le marché des anti-VEGF en traitement de la DMLA (avec des taux dans certaines études parfois plus importants que ceux actuellement rapportés). De même, ce risque ne nous empêche pas d’opérer des cataractes (chez des patients avec parfois des niveaux de vision préopératoires bien supérieurs à ceux à qui nous proposons le Kenacort…);
    • Une hypertonie peut survenir après tout traitement corticoïde, quelle qu’en soit la modalité d’administration (on parle de près de 30% de « répondeurs » après traitement par collyres corticoïdes, et cela ne nous empêche pas de les utiliser largement).

    Si l’un des corticoïdes actuellement en développement pour un usage spécifique en ophtalmologie (j’en reparle bientôt) arrive sur le marché, ce sera probablement avec le même type d’effets secondaires…

A mon avis, cette lettre nous rappelle donc juste notre devoir : bien évaluer le rapport bénéfice-risque avant de poser une indication, raisonnée (ce qui est finalement relativement facile en l’absence d’alternative !) et en informer nos patients (comme avant toute procédure).

Par contre, plus que les complications sus-citées, c’est peut-être une éventuelle toxicité du Kenacort (pour le moment encore controversée : des études animales rapportent régulièrement l’existence de phénomènes toxiques des conservateurs et/ou de la triamcinolone elle-même, tandis qu’à ma connaissance, aucune série clinique n’est venue confirmer ces données) qui pourrait nous faire changer d’attitude.

Quoi qu’il en soit, vivement qu’arrivent les premiers résultats des grandes études randomisées actuellement menées aux USA sous l’égide du National Eye Institute (en traitement de l‘oedème maculaire diabétique et des occlusions veineuses)… avec la réserve que le produit utilisé est une triamcinolone spécialement fabriquée par Allergan, justement sans conservateur…

Risque d’accident vasculaire cérébral et Lucentis : précisions

Fin janvier, Genentech avait diffusé aux prescripteurs de Lucentis les résultats d’une analyse intermédiaire de l’étude SAILOR, qui montraient une différence statistiquement significative pour l’incidence des accidents vasculaires cérébraux (AVC) entre un groupe traité par 0.3 mg et un autre traité par 0.5 mg (taux d’AVC respectifs de 1.2% et 0.3%), ces taux restant cependant « cohérents avec les études cliniques pivots, et ne sont pas plus élevées que le taux d’AVC dans la population générale d’âge et profil similaire ». Par ailleurs, les patients aux antécédents d’AVC présentaient un risque plus élevé de récidive d’AVC.

Dans un courrier daté du 23 février, Novartis donne les résultats d’une nouvelle analyse intermédiaire (données cloturées au 10 janvier 2007) :

Dans cette nouvelle analyse, le déséquilibre concernant l’incidence des AVC entre le groupe recevant Lucentis à la dose de 0.5 mg par rapport à celui recevant Lucentis à la dose de 0.3 mg n’est plus statistiquement significatif. Les taux d’AVC etaient respectivement de 1.3% (13/1217) et de 0.6% (7/1176) pour les patients recevant Lucentis à la dose de 0.5 mg et 0.3 mg.

En attendant les résultats finaux de cette étude (deuxième semestre 2007), qui seuls permettront de conclure, il est certainement prudent de vérifier les antécédents d’AVC des patients susceptibles de recevoir Lucentis…

Toxicité de la triamcinolone ?

Après les anti-VEGF, et alors que nous l’utilisons couramment (cependant toujours hors AMM) depuis plusieurs années, avec de nombreuses publications à l’appui, la FDA vient de publier une alerte sur la toxicité de la triamcinolone d’un conservateur dans la préparation commerciale de triamcinolone (Kenalog), et déconseille son usage « off-label » :

February 7, 2007 — The US Food and Drug Administration (FDA) has approved safety labeling revisions to advise of the risk for […] toxicity associated with excessive exposure to the preservative in triamcinolone acetonide injectable suspension […]

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Alerte Lucentis

Lu ce matin sur Medscape :

Medscape Alerts : Lucentis Linked to Stroke Risk in Elderly

January 30, 2007 — Genentech, Inc, has warned healthcare professionals regarding the potential increased risk for stroke associated with use of ranibizumab (Lucentis) in the treatment of neovascular (wet) age-related macular degeneration in elderly patients.

The warning was based on interim data from an ongoing safety study (SAILOR) showing that the risk for stroke was significantly higher in patients receiving the recommended dose of ranibizumab (0.5 mg) compared with a 0.3 mg dose (1.2% vs 0.3%; P = .02) at an average follow-up of 230 days. Patients with a history of stroke appeared to be at increased risk for subsequent stroke, the company said.

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