Archives de catégorie : Ophtalmologie

Décret de compétence des orthoptistes

Le nouveau décret de compétences des orthoptistes vient de paraître au JO, élargissant (officiellement) largement les actes qu’ils peuvent accomplir (voir les articles 4342-6 et 7)… En pratique, certains n’avaient pas attendu ce décret pour les leur déléguer depuis longtemps déjà :

DECRET N°2007-1671 DU 27 NOV 2007 FIXANT LA LISTE DES ACTES POUVANT ETRE ACCOMPLIS PAR LES ORTHOPTISTES ET MODIFIANT LE CODE DE LA SANTE PUBLIQUE (DISPOSITIONS REGLEMENTAIRES)

Art. R. 4342-1 : L’orthoptie consiste en des actes d’exploration, de rééducation et de réadaptation de
la vision utilisant éventuellement des appareils et destinés à traiter les anomalies fonctionnelles de
la vision.

Art. R. 4342-2 : Sur prescription médicale, l’orthoptiste établit un bilan qui comprend le diagnostic orthoptique, l’objectif et le plan de soins. Ce bilan, accompagné du choix des actes et des techniques appropriées, est communiqué au médecin prescripteur.
L’orthoptiste informe le médecin prescripteur de l’éventuelle adaptation du traitement en fonction de l’évolution et de l’état de santé de la personne et lui adresse, à l’issue de la dernière séance, une fiche retraçant l’évolution du traitement orthoptique.

Art. R. 4342-3 : Les orthoptistes sont seuls habilités, sur prescription médicale et dans le cadre du traitement des déséquilibres oculomoteurs et des déficits neurosensoriels y afférents, à effectuer les actes professionnels suivants :
1° Détermination subjective et objective de la fixation et étude des mouvements oculaires ;
2° Bilan des déséquilibres oculomoteurs ;
3° Rééducation des personnes atteintes de strabisme, d’hétérophories, d’insuffisance de convergence ou de déséquilibres binoculaires ;
4° Rééducation des personnes atteintes d’amblyopie fonctionnelle.
Ils sont en outre habilités à effectuer les actes de rééducation de la vision fonctionnelle chez les personnes atteintes de déficience visuelle d’origine organique ou fonctionnelle.

Art. R. 4342-4 : Les orthoptistes sont habilités à participer aux actions de dépistage organisées sous la responsabilité d’un médecin.

Art. R. 4342-5 : Les orthoptistes sont habilités, sur prescription médicale, à effectuer les actes professionnels suivants :
1. Périmétrie ;
2. Campimétrie ;
3. Etude de la sensibilité au contraste et de la vision nocturne ;
4. Exploration du sens chromatique ;
5. Rétinographie non mydriatique.
L’interprétation des résultats reste de la compétence du médecin prescripteur.

Art. R. 4342-6 : Ils sont habilités à participer, sous la responsabilité d’un médecin en mesure d’en contrôler l’exécution et d’intervenir immédiatement, aux enregistrements effectués à l’occasion des explorations fonctionnelles suivantes :
1. Rétinographie mydriatique ;
2. Electrophysiologie oculaire.

Art. R. 4342-7 : Sur prescription médicale, les orthoptistes sont habilités à déterminer l’acuité visuelle et la réfraction, les médicaments nécessaires à la réalisation de l’acte étant prescrits par le médecin.

Art. R. 4342-8 : Sur prescription médicale et sous la responsabilité d’un médecin ophtalmologiste en mesure d’en contrôler l’exécution et d’intervenir immédiatement, les orthoptistes sont habilités à réaliser les actes suivants :
1. Pachymétrie sans contact ;
2. Tonométrie non contact
3. Tomographie par cohérence optique (OCT) ;
4. Topographie cornéenne ;
5. Angiographie rétinienne, à l’exception de l’injection qui doit être effectuée par un professionnel de santé habilité ;
6. Biométrie oculaire préopératoire ;
7. Pose de lentilles.

Via ListeSnof, Orthoptie.net

AAO 2007 : Subspecialty Days

Subspecialty Days 2007Pour ceux qui n’ont pas la chance d’être à la Nouvelle-Orleans pour le congrès de l’American Academy of Ophthalmology, Ophthalmology Times fait un compte-rendu quotidien des communications.

Voilà donc quelques informations intéressantes présentées pendant les « Subspecialty Days » :

Vivement que nos collègues soient de retour pour nous raconter plus en détails tout cela !

DMLA : classement des hôpitaux selon le Nouvel Observateur

CouvertureAttiré la semaine dernière par la couverture du Nouvel Observateur, je suis allé consulter ce nouveau classement des hôpitaux, disponible sur internet

J’ai été pour le moins surpris de la rubrique DMLA…

Si l’on se réfère au texte accompagnant le classement, il semble donc s’agir d’un classement concernant la prise en charge de la DMLA, en général :

DMLA
La macula est la zone centrale de la rétine, celle qui permet la vision fine. Elle peut faire l’objet d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) qui entraîne une baisse progressive de la vision centrale […] et une déformation des lignes […]. L’essentiel est de la dépister avant les premiers symptômes car il existe maintenant des traitements préventifs qui peuvent changer le pronostic. Ainsi, il est important d’aller voir son ophtalmologiste tous les deux ans à partir de 40 ans pour dépister le glaucome et tous les ans à partir de 55 ans pour dépister la DMLA. Ceci est d’autant plus important si des DMLA ont été diagnostiquées chez vos parents, car cette maladie est héréditaire dans 40% des cas. Le traitement préventif fait appel aux vitamines anti-oxydantes et aux oméga-3 à forte doses. Le traitement curatif a notamment pour objectif de s’opposer à la création de nouveaux vaisseaux sanguins au niveau de la macula, néo-vaisseaux qi accélèrent sa destruction. Il peut faire appel à des traitements physiques comme la photocoagulation au laser ou à la photothérapie dynamique. Des médicaments anti-néo-vaisseaux existent maintenant qui stabilisent la maladie ou retardent son évolution.

Et que lit on dans dans le classement ?

Que 65 patients atteints de DMLA ont été pris en charge aux Quinze-Vingts durant l’année 2005.

65 !

Sachant que 65 patients correspond à peine au nombre qui se présente chaque jour pour une angiographie et/ou un OCT, et qu’actuellement, il n’existe aucun moyen de recueillir le diagnostic des patients pris en charge en consultation externe, je ne ferai pas plus de commentaires sur la valeur de ce classement…

Rugby et oeil

Non, je ne remuerai pas le couteau dans la plaie
Juste vous signaler un article intéressant paru dans le Journal de Traumatologie du Sport en septembre 2007 concernant la traumatologie oculaire liée à la pratique du rugby, où l’on apprend que l’essentiel des traumatismes graves sont le fait de gestes interdits, d’où la nécessité d’un arbitrage sans complaisance !

Alors que le rugby est un sport collectif où les contacts sont souvent rudes, les lésions traumatiques de la sphère oculaire sont rarement graves. L’orbite et les paupières sont fréquemment touchées, étant les structures les plus exposées. Les lésions du globe oculaire lui-même sont rares et mettent exceptionnellement le pronostic visuel en jeu. La kératite traumatique et l’hémorragie intraoculaire pourraient être les plus fréquentes, mais guérissent généralement sans séquelles. Les formes graves sont souvent le fait des traumatismes intentionnels tels les doigts « fourchette » dans l’Å“il, ou les coups de poing, pied ou genou. La meilleure prévention de ces accidents repose sur l’éducation des joueurs, l’élaboration de règles de jeu visant à encore plus protéger ceux-ci et l’application rigoureuse des sanctions. Un panorama des traumatismes oculaires du rugby est détaillé.

Avastin bientôt interdit de vente aux ophtalmologistes ?

Alors que les premiers patients devraient pouvoir être inclus dans l’étude CATT début décembre, Genentech envisage de limiter aux USA l’approvisionnement en Avastin de certaines pharmacies (celles autorisées à exécuter des préparations magistrales en quelques sortes : « compounding pharmacies« ), afin d’éviter son reconditionnemment pour une utilisation intra-oculaire, ce que commentait Jacob Goldstein sur le blog Santé du Wall Street Journal :

October 11, 2007 – Genentech Restricting Avastin Sales To Curb Eye Use
Posted by Jacob Goldstein

The toughest competitor for Genentech’s eye drug Lucentis has been Genentech’s own cancer drug Avastin.

Today, though, Genentech said it wouldn’t let wholesalers sell Avastin to compounding pharmacies, which have been taking Avastin out of vials and putting it into pre-packaged syringes for eye treatment. The move could crimp the supply of the cheaper medicine for use in the eye.

Avastin isn’t approved for eye treatment, but it’s very similar to Lucentis, which the FDA cleared last year for an eye disease called wet macular degeneration. Some doctors substitute Avastin for Lucentis because a dose of the cancer medicine used for the eye disease is a lot cheaper. Avastin used that way costs about $40 a month compared with $2,000 a month for Lucentis. (Physicians are free to prescribe drugs for unapproved uses.)

In a letter explaining the decision, Genentech pointed out that Lucentis was developed expressly for use in the eyes, and that the FDA has expressed safety concerns over the re-packaging of Avastin.

La lettre est disponible sur le site de Genentech :

In the first six months of this year, U.S. sales of Avastin were $1.1 billion, and Lucentis sales were $420 million.

420 millions de dollars de gain, à 2000$ l’injection, cela correspond à 210.000 doses vendues… qui ne représenteraient qu’un chiffre d’affaire de l’ordre de 10 millions en Avastin pour le même nombre d’injections… finalement bien négligeable (1%) par rapport au milliard de bénéfice sur les ventes d’Avastin sur la même période !

Avastin, which is sold through wholesalers, will still be available to hospital pharmacies and directly to doctors after the company ends sales to compounding pharmacies at the end of next month.

But Anne Fung, a San Francisco ophthalmologist, said she worries that some doctors, unable to buy the drug from compounding pharmacies, may do the re-packaging work themselves without the proper safety equipment. “This move is taking it out of a regulated environment into an unregulated environment,” she told the Health Blog. That could increase the risk of contamination and serious eye infections.

Effectivement, si cette mesure n’a pour seule conséquence que déplacer le reconditionnement d’une pharmacie vers « n’importe où », elle semble aussi dangereuse qu’inefficace de toute façon…

Je ne sais pas si la même chose pourrait arriver en Europe, la commercialisation des deux médicaments ne se faisant pas directement par Genentech, mais par Roche (Avastin) et Novartis (Lucentis). Rappelons juste cependant que Genentech est une filiale de Roche… dont Novartis détient une partie du capital…
Aussi étonnant que cela puisse paraître, une telle limitation dans l’utilisation de l’Avastin pourrait en France provenir de la CPAM, qui contrôle actuellement plusieurs hôpitaux, et pourrait exiger le remboursement des hospitalisations et/ou actes réalisés en 2006 en rapport avec des injections intra-vitréennes de médicaments hors AMM (Avastin et Kenacort)…

Si, compte-tenu des intérêts financiers en jeu, cette mesure semble logique du point de vue d’un laboratoire pharmaceutique, mais pas du tout du point de vue de l’organisme responsable de la prise en charge des soins, n’oublions pas que les anti-VEGF sont également utilisés dans de nombreuses indications hors-DMLA (néovascularisation choroïdienne d’autre origine, rétinopathie diabétique proliférante, oedèmes maculaires, …) : dans ces cas, aucun médicament n’est pris en charge (puisque utilisé hors-AMM), et aucun argument ne permet d’affirmer que Lucentis est meilleur qu’Avastin (bon… pour le moment dans la DMLA non plus, mais nos autorités de tutelle en ont décidé autrement… contrairement à l’Italie par exemple qui rembourse l’Avastin…) : difficile alors de justifier l’utilisation du Lucentis par rapport à l’Avastin dans ces conditions, non ?

En attendant, la réaction de l’American Academy of Ophthalmology ne s’est pas fait attendre longtemps :

Ophthalmologists Concerned About AMD Patients’ Access To Avastin
10/12/2007 04:01:44 PM
The American Academy of Ophthalmology believes that Genentech’s decision to stop sales of Avastin® (bevacizumab) to compounding pharmacies could have a significant impact on the care of patients with age-related macular degeneration (AMD).

« Our main concern is for our patients with macular degeneration, who have come to rely on Avastin in their fight against potential vision loss, » said Charles « Pat » Wilkinson, MD, president of the Academy. « Together with the retinal community, the Academy is evaluating how this decision will affect patient care. »

Both Avastin and the FDA-approved Lucentis® (ranibizumab injection), another drug sold by Genentech, share a similar method of action by inhibiting vascular endothelial growth factor (VEGF). However, Lucentis was designed and tested specifically for treatment of wet AMD, while Avastin has only been FDA-approved for oncology indications. Prior to Lucentis’ approval, many ophthalmologists had been using Avastin to treat wet AMD, and many doctors continue to use it, citing good clinical results for patients. The National Institute of Health is sponsoring a head-to-head trial between the two drugs starting this year.

« The primary concern of ophthalmologists is preserving the sight of our patients. Because Avastin has also been used off-label to treat diabetic retinopathy, macular edema and various other sight-threatening disorders, Genentech’s decision to restrict availability of the drug has much wider implications than just for AMD patients, » said H. Dunbar Hoskins Jr., MD, executive vice president of the Academy.

The Academy is seeking information from the FDA and Genentech to determine an appropriate and safe solution for patients and their doctors.

According to Genentech, Avastin will continue to be made available directly to physicians and hospital pharmacies through authorized wholesale distributors. However, ophthalmologists need compounding pharmacies to divide vials of Avastin into smaller doses for the treatment of AMD and other eye disorders.