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AAO 2007 : Subspecialty Days

Subspecialty Days 2007Pour ceux qui n’ont pas la chance d’être à la Nouvelle-Orleans pour le congrès de l’American Academy of Ophthalmology, Ophthalmology Times fait un compte-rendu quotidien des communications.

Voilà donc quelques informations intéressantes présentées pendant les « Subspecialty Days » :

Vivement que nos collègues soient de retour pour nous raconter plus en détails tout cela !

Avastin bientôt interdit de vente aux ophtalmologistes ?

Alors que les premiers patients devraient pouvoir être inclus dans l’étude CATT début décembre, Genentech envisage de limiter aux USA l’approvisionnement en Avastin de certaines pharmacies (celles autorisées à exécuter des préparations magistrales en quelques sortes : « compounding pharmacies« ), afin d’éviter son reconditionnemment pour une utilisation intra-oculaire, ce que commentait Jacob Goldstein sur le blog Santé du Wall Street Journal :

October 11, 2007 – Genentech Restricting Avastin Sales To Curb Eye Use
Posted by Jacob Goldstein

The toughest competitor for Genentech’s eye drug Lucentis has been Genentech’s own cancer drug Avastin.

Today, though, Genentech said it wouldn’t let wholesalers sell Avastin to compounding pharmacies, which have been taking Avastin out of vials and putting it into pre-packaged syringes for eye treatment. The move could crimp the supply of the cheaper medicine for use in the eye.

Avastin isn’t approved for eye treatment, but it’s very similar to Lucentis, which the FDA cleared last year for an eye disease called wet macular degeneration. Some doctors substitute Avastin for Lucentis because a dose of the cancer medicine used for the eye disease is a lot cheaper. Avastin used that way costs about $40 a month compared with $2,000 a month for Lucentis. (Physicians are free to prescribe drugs for unapproved uses.)

In a letter explaining the decision, Genentech pointed out that Lucentis was developed expressly for use in the eyes, and that the FDA has expressed safety concerns over the re-packaging of Avastin.

La lettre est disponible sur le site de Genentech :

In the first six months of this year, U.S. sales of Avastin were $1.1 billion, and Lucentis sales were $420 million.

420 millions de dollars de gain, à 2000$ l’injection, cela correspond à 210.000 doses vendues… qui ne représenteraient qu’un chiffre d’affaire de l’ordre de 10 millions en Avastin pour le même nombre d’injections… finalement bien négligeable (1%) par rapport au milliard de bénéfice sur les ventes d’Avastin sur la même période !

Avastin, which is sold through wholesalers, will still be available to hospital pharmacies and directly to doctors after the company ends sales to compounding pharmacies at the end of next month.

But Anne Fung, a San Francisco ophthalmologist, said she worries that some doctors, unable to buy the drug from compounding pharmacies, may do the re-packaging work themselves without the proper safety equipment. “This move is taking it out of a regulated environment into an unregulated environment,” she told the Health Blog. That could increase the risk of contamination and serious eye infections.

Effectivement, si cette mesure n’a pour seule conséquence que déplacer le reconditionnement d’une pharmacie vers « n’importe où », elle semble aussi dangereuse qu’inefficace de toute façon…

Je ne sais pas si la même chose pourrait arriver en Europe, la commercialisation des deux médicaments ne se faisant pas directement par Genentech, mais par Roche (Avastin) et Novartis (Lucentis). Rappelons juste cependant que Genentech est une filiale de Roche… dont Novartis détient une partie du capital…
Aussi étonnant que cela puisse paraître, une telle limitation dans l’utilisation de l’Avastin pourrait en France provenir de la CPAM, qui contrôle actuellement plusieurs hôpitaux, et pourrait exiger le remboursement des hospitalisations et/ou actes réalisés en 2006 en rapport avec des injections intra-vitréennes de médicaments hors AMM (Avastin et Kenacort)…

Si, compte-tenu des intérêts financiers en jeu, cette mesure semble logique du point de vue d’un laboratoire pharmaceutique, mais pas du tout du point de vue de l’organisme responsable de la prise en charge des soins, n’oublions pas que les anti-VEGF sont également utilisés dans de nombreuses indications hors-DMLA (néovascularisation choroïdienne d’autre origine, rétinopathie diabétique proliférante, oedèmes maculaires, …) : dans ces cas, aucun médicament n’est pris en charge (puisque utilisé hors-AMM), et aucun argument ne permet d’affirmer que Lucentis est meilleur qu’Avastin (bon… pour le moment dans la DMLA non plus, mais nos autorités de tutelle en ont décidé autrement… contrairement à l’Italie par exemple qui rembourse l’Avastin…) : difficile alors de justifier l’utilisation du Lucentis par rapport à l’Avastin dans ces conditions, non ?

En attendant, la réaction de l’American Academy of Ophthalmology ne s’est pas fait attendre longtemps :

Ophthalmologists Concerned About AMD Patients’ Access To Avastin
10/12/2007 04:01:44 PM
The American Academy of Ophthalmology believes that Genentech’s decision to stop sales of Avastin® (bevacizumab) to compounding pharmacies could have a significant impact on the care of patients with age-related macular degeneration (AMD).

« Our main concern is for our patients with macular degeneration, who have come to rely on Avastin in their fight against potential vision loss, » said Charles « Pat » Wilkinson, MD, president of the Academy. « Together with the retinal community, the Academy is evaluating how this decision will affect patient care. »

Both Avastin and the FDA-approved Lucentis® (ranibizumab injection), another drug sold by Genentech, share a similar method of action by inhibiting vascular endothelial growth factor (VEGF). However, Lucentis was designed and tested specifically for treatment of wet AMD, while Avastin has only been FDA-approved for oncology indications. Prior to Lucentis’ approval, many ophthalmologists had been using Avastin to treat wet AMD, and many doctors continue to use it, citing good clinical results for patients. The National Institute of Health is sponsoring a head-to-head trial between the two drugs starting this year.

« The primary concern of ophthalmologists is preserving the sight of our patients. Because Avastin has also been used off-label to treat diabetic retinopathy, macular edema and various other sight-threatening disorders, Genentech’s decision to restrict availability of the drug has much wider implications than just for AMD patients, » said H. Dunbar Hoskins Jr., MD, executive vice president of the Academy.

The Academy is seeking information from the FDA and Genentech to determine an appropriate and safe solution for patients and their doctors.

According to Genentech, Avastin will continue to be made available directly to physicians and hospital pharmacies through authorized wholesale distributors. However, ophthalmologists need compounding pharmacies to divide vials of Avastin into smaller doses for the treatment of AMD and other eye disorders.

Avastin vs. Lucentis : l’étude CATT sur le point de démarrer

Nous avons parlé à plusieurs reprises de la nécessité de comparer les traitements de la DMLA par médicaments anti-VEGF entre eux : l’étude américaine « Avastin vs. Lucentis » semble enfin être sur le point de démarrer, si l’on en croit le billet de Irv Arons sur son blog.

L’étude CATT (pour « Comparison of Age-related macular degeneration Treatments Trials »), multicentrique (40 centres aux USA) randomisée, prévoit d’inclure 1200 patients atteints de DMLA, répartis en 4 groupes thérapeutiques :
(1) Injections mensuelles de Lucentis;
(2) Injections mensuelles d’Avastin;
(3) Trois injections de Lucentis, puis réinjections « Ã  la demande »;
(4) Trois injections d’Avastin, puis réinjections « Ã  la demande ».
Le critère de jugement principal sera l’acuité visuelle, mais seront aussi évalués la taille et l’aspect en OCT des lésions néovasculaires.

Les inclusions devraient débuter d’ici fin 2007, avec un suivi de 2 ans : les premiers résultats (suivi à un an) sont espérés courant 2009.

Il nous faut donc attendre encore 2 ans pour avoir les premiers éléments objectifs de comparaison d’Avastin et Lucentis; outre des conséquences médico-économiques majeures, cette étude pourrait également nous apporter de précieux renseignements sur le rythme d’administration optimal de ces nouveaux traitements…

Lien : http://www.med.upenn.edu/cpob/studies/CATT.shtml

Traitement de la DMLA en comprimés ?

Si les anti-VEGF actuellement à notre disposition (Macugen, Lucentis, Avastin) constituent un progrès important dans la prise en charge de la DMLA exsudative, c’est au prix d’injections intra-oculaires répétées.
La recherche de traitements qui permettraient de réduire le nombre d’injections (voire s’en passer) est donc très active : nous avons déjà parlé de collyres, et je viens de découvrir dans la base de données ClinicalTrial.gov l’existence d’un essai (phase 1) visant à tester l’intérêt d’un médicament utilisé en hématologie (… et récemment sous les feux de la rampe suite aux affaires juridiques entourant la demande de brevet en Inde !), le Glivec (inhibiteur de protéine-tyrosine kinase), en complément d’injections intra-vitréennes de Lucentis.

A plus de 2500 euros le mois de traitement (400mg/j), il a intérêt à être très efficace et sans trop d’effets secondaires systémiques… Il ne reste plus qu’à attendre la publication des résultats…

Lucentis : 5 injections annuelles ?

Alors que Lucentis est sorti courant l’été du régime d’Autorisation Temporaire d’Utilisation pour être remboursé à 100% par l’assurance-maladie (arrêté publié au Journal Officiel le 19 juin 2007), Irv Arons rapportait sur son blog le 14 juillet les résultats à 2 ans de l’étude PrONTO (Prospective OCT imaging of patients with Neovascular AMD Treated with IntraOcular Lucentis), communiqués dans divers congrès au printemps.
Ils viennent confirmer les résultats à un an déjà publiés : en moyenne, après 3 injections mensuelles initiales, et en décidant de réinjecter selon la variation d’acuité visuelle et l’aspect en OCT (présence de signes exsudatifs), une moyenne de 5 injections annuelles semble suffisante pour obtenir des résultats comparables à ceux des études ANCHOR et MARINA.

En savoir plus : MedRounds.org, Retina Today.

Référence : Lalwani GA, Fung AE, Michels S, Dubovy SR, Feuer WJ Jr., Puliafito CA, Rosenfeld PJ. An OCT-guided variable-dosing regimen with ranibizumab (Lucentis) in neovascular AMD: two year results of the PrONTO study. Poster #B694, Annual Meeting of the Association for Research in Vision and Ophthalmology; May 7, 2007; Fort Lauderdale, Fla.