Lecture critique d’articles

Je tombe, avec quelques jours de retard, sur un point de vue très intéressant des Prs. Funck-Brentano, Rosenheim et Uzan, publié dans Le Monde (édition du 10 mars), réagissant au retrait (provisoire espérons-le) des épreuves classantes nationales de l’épreuve de Lecture Critique d’Articles… J’adhère totalement à ces propos :

La pratique de la médecine requiert des qualités multiples dont l’intelligence n’est pas la moindre, mais les études médicales ne développent pas l’intelligence critique […] supposée venir plus tard, notamment dans le cadre de la formation continue mais elle est, en pratique, peu enseignée. C’est donc bien durant les études médicales qu’il faut initier les futurs praticiens à l’art de la critique.

Effectivement, après avoir suivi les enseignements du CESAM (modules « Méthodologie statistique » et « Pratique des essais cliniques« ), j’ai pu réaliser combien pouvaient être profondes les lacunes dans ce domaine…

[…] La lecture critique d’articles est le fondement de la sélection de l’information médicale, enjeu majeur de la pratique qui, contrairement à ce qu’avancent certains étudiants, n’est pas destiné à une élite universitaire et scientifique mais bien à la masse des praticiens de santé, en particulier en ville […] pour ne pas se laisser submerger par les messages issus du marketing. Les professionnels de l’information sont passés maîtres dans l’art du détournement des résultats des études sur lesquelles se fondent nos pratiques et nos décisions.

Les ophtalmologistes, avec l’arrivée de « nouveaux » médicaments du glaucome ou la mise à disposition des anti-VEGF (pour ne citer que deux exemples), sont, me semble-t-il, tout-à-fait dans cette problématique, au moment de choisir un traitement, quel que soit leur mode d’exercice…

Il est donc fondamental que l’épreuve de LCA soit inscrite à l’ECN et pas seulement enseignée comme une matière du deuxième cycle des études médicales. L’expérience passée nous a appris que si une matière n’est pas inscrite au programme de l’internat, les étudiants, dont on comprend le nécessaire pragmatisme, la travaillent moins.

Ce qui m’effraie le plus est que l’argument des syndicats étudiants serait l’hétérogénéité de cet enseignement selon les facultés, car « certains professeurs ne seraient pas capables d’assurer cette formation » (dixit François chez Seven), ce qui semble un comble (mais ils sont certainement rares…).